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Sunday Post #14 - Baser





Voilà, il y une expression avec laquelle je ne suis pas confortable, surtout lorsqu'elle est prononcée dans un certain contexte.


"Revoir / Revenir aux bases"


Le contexte : lorsque cette expression est prononcée sous couvert d'une humilité qui n'est pas une ;

"Ah, ça fait du bien de revoir les bases"


Comme si les bases, c'était négatif, primaire, pour les novices, les débutants, pour les bébés en soit, l'étape 1, que désormais, on était au dessus de ça.


Comme si, ce qui était attendu lors de l'expression de cette émotion, était une standing ovation pour saluer le fait que la personne en question ai fait l'effort de se "rabaisser" aux bases.


Cette phrase (et ses variantes) est une posture. Au sens stricte, une attitude, une idée, une formule.


Alors, en cherchant un peu ce qui me faisait bouillir intérieurement, j'ai trouvée ça, sur le chemin :


Baser : faire reposer, fonder, asseoir


En réalité, si l'on est pas sur une base, on est donc sans racines, sans attaches. Dans les idées, les illusions, les envies, les attitudes, les postures.


Et quand on parle d'illusions et d'attitude dans le champ du Yoga, on est jamais déçu :

"Le nouveau remède bien-être"," la solution pour aligner ses énergies", "les recettes anti stress", "Yoga, la nouvelle tendance" (et je reste très soft au vu des dérives possibles et infinies).




Ce sont donc des idées, des illusions, nourries par les souffrances du quotidien, sans racines, des formules qui se veulent solution sans fondement.


Donc, si on est hors sol, on est hors réalité. C'est un choix, juste j'observe ce que ca provoque chez moi et je ressens que ce n'est pas "ça", ca ne clique pas, ca ne résonne pas, c'est faux, c'est creux, c'est non.


Alors, à propos des bases, ce n'est pas vendeur au regard de ces idées fortes attirantes mais peu réalisables. Les bases, souvent sont perçues comme l'étape 1, comme si, au bout d'un certain temps, on pouvait s'en affranchir, car on est désormais au dessus de ça ( je n'ai toujours pas compris au dessus de quoi on se pensait).

Comme si on visait toujours plus haut, toujours plus grandiose, époustouflant, toujours plus.


Se croire arrivé, c'est avoir raté le chemin proposé.


L'accumulation, de postures / de techniques / d'enseignements / de cours différents.

Comme si il fallait remplir, une jarre d'eau vide (la base) de tout un tas d'apprentissage jusqu'à ce que cela déborde.


L'apprentissage, de ce qui me parle en tous cas, c'est partir d'une base solide et creuser le sujet, en profondeur.

Pas une accumulation donc, une recherche et un engagement.

Il n'y a pas d'endroit où arriver, de choses à réaliser, de postures à accomplir (postures, pas Asanas, la différence est immense).


La pratique du Yoga c'est se permettre d'aller du plus grossier vers le plus subtil. Confortablement installé sur sa base (assis), prêt à tous les voyages.

Accompagnée et dans un lieu qui le permette.

Relâcher les barrières internes, laisser la lumière inonder ce qui se cache derrière la porte (petit à petit, step by step, dans un temps long et à hauteur de ce qu'on est prêt à lâcher).


Donc ce n'est pas rajouter, accumuler, additionner, plutôt dépouiller, épurer, raffiner. Et cela se fait dans la durée, dans la profondeur et dans la joie.


La joie des surprises sur le chemin de l'apprentissage, l'appétit de la curiosité, et la jarre d'eau qui est équilibrée.


Le vrai effort d'humilité, c'est d'accepter que tout existe déjà, tout est déjà là, les bases et leurs profondeurs, les écrits et les enseignants, les transmetteurs de lumière (intelligence, connaissances).


Le vrai effort d'engagement réside dans le choix de ces enseignements, ses questionnements, ses découvertes et ses profondeurs.


Donc sur ces bases, on ne bâtirait pas ce qui se voit, mais plutôt tout ce qui ne se voit pas mais qui est.

La partie cachée, intérieure, sacrée.


C'est très libérateur d'envisager la pratique du Yoga ainsi, en tous cas pour moi, je n'ai rien à inventer, tout à explorer et ensuite peut être partager une fois que ce sera intégré. Simple.


Finalement, personne ne m'attends, personne ne me fait de standing ovation quand je fais le choix de peaufiner la façon dont j'étire mes quadriceps, ou alors mes minutes à réciter des mantras pour les apprendre, car je le fais, juste, je le fais.


Ce travail "de base" me ramène à l'essence du pourquoi de ma pratique, dépouillée de toutes les envies, illusions, fantasmes et autres imaginaires que je peux y projeter.


Et ce qui est magique là dedans, c'est quand vous rencontrez des personnes qui partagent cette décision, là ca clique, fort, bruyant, flamboyant.


Vous vous voyez dans la pièce, vous vous sentez, vous savez. Et ça, ca vaut des millions en richesse intérieures.


Alors qu'ils vendent encore le Yoga comme la recette à tous les maux, le Yoga à toutes les sauces (Power, Hot, Doga, Flow, Music, Relax, Zen, Beer, Goat, Naked, ect ect), le Yoga qui ne fait qu'en porter le nom, je reste sur mon idée qu'ils en sont bien loin et qu'il n'est pas nécessaire d'en inventer et d'en rajouter pour gagner en qualité.


Le trésor se trouve au milieu de l'océan, donc en profondeur, pas à l'extérieur.


Sur ce partage, je m'installe sur ma base, bassin en antéversion, posée sur le bord avant des ischions, parce que, qui que nous soyons, on est toujours assis que sur notre fion !


Si cela vous parle, alors la porte est grande ouverte, sur le tapis ou en dehors ;)







Comments


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Bonjour et merci pour votre temps !

Les articles sont des réflexions personnelles sur le Yoga et la vie (deux choses très liées finalement). Au plaisir d'en discuter ensemble si le coeur vous en dit !

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